Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Honeymoon à Cape Town

Voyage à Cape Town

Langa et Gugulethu

Dompas ou carte d'identité pour homme stupide

Dompas ou carte d'identité pour homme stupide

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes de retour de la piscine où nous nous sommes détendus un petit moment après la visite des townships de Langa et Gugulethu.

Que dire ? C'est désolant et très émouvant de voir des personnes vivre dans de telles conditions dans un pays développé.

Pour chaque township, nous y sommes allés accompagner d'un guide local qui connaît bien les populations.

Avant de vous décrire plus en détail les conditions de vie, sachez qu'il y a environ 4 millions d'habitants au Cap et 80% d'entre eux vivent dans un township.

Nous avons commencé par visiter un petit musée à Langa qui retrace son histoire depuis 1923 où il avait été établi pour les populations noires exclusivement masculines. Les femme et enfants vivaient en dehors du camp. Nous utilisons le terme camp, car malheureusement, il y a énormément de similitudes avec les camps de concentration. Les hommes étaient parqués et avaient un matricule. Ils portaient sur eux un dompas, sorte de carte d'identité sur laquelle étaient portés leurs noms, dates de naissance, le montant des taxes acquittées (incroyable mais le gouvernement leur demandait de payer des taxes pour avoir le droit de vivre dans un township -environ la moitié de leur salaire) ainsi que leurs autorisations de sortie mensuelles pour aller travailler à l'extérieur. Et comble de l'horreur, dompas signifie carte d'identité pour homme stupide.

Le fait que les hommes soient séparés de leurs familles était bien entendu voulu par le gouvernement, de même les "beer houses", sorte de pubs où les travailleurs dépensaient leurs salaires et ainsi se détachaient de leurs vies extérieures à force d'alcool.

Ils étaient parqués à 16 avec une cuisine et des toilettes communes. Ce qu'il faut savoir, c'est que ce sont ces mêmes baraquements qui aujourd'hui servent de logement aux familles. A noter, ils ne sont plus que partagés par 4 familles ... .

Pour en terminer avec l'horreur de l'apartheid, les gouvernements d'alors utilisaient 2 tests pour déterminer qui était noir et qui était 'colored', à savoir métissé (les métis étaient largement préférés aux noirs). Le premier est appelé le test du crayon que l'on plantait dans les cheveux de la personne. On lui demandait alors de secouer la tête deux fois. Si le crayon tombait la première fois, il s'agissait d'un métis puisque les cheveux n'étaient pas assez crépus pour retenir le crayon.

Deuxième test, pour les chauves, celui du sac papier marron. On le comparait à la peau de la personne. Si la couleur de la peau était plus claire, il était métis, et dans le cas contraire et malheureusement pour lui, noir. On en rirait presque ... .

Les conditions actuelles, pour nous sont déplorables. La grosse migration fait que les nouveaux arrivants (d'Afrique du Sud ou des pays comme le Nigeria) viennent chercher au Cap une vie meilleure. Ils se construisent des abris en tôle et vivent à proximité des ordures et se lavent dans les ruisseaux avoisinants.

Il est vrai que des efforts sont faits et quelques maisons sont construites mais elle reste une minorité.

Certains ont réussi à s'en sortir grâce à l'éducation et sont devenus médecins, avocats ou fonctionnaires. La plupart reste vivre dans leur township et y font construire de jolies maisons (on surnomme ces quartiers Beverly Hills). Ils sont là pour aider leur communauté et démontrer que l'on peut changer de conditions de vie.

En bons européens que nous sommes, nous avons posé la question suivante à nos guides: Y aura t-il une fin aux townships dans l'avenir et n'est-ce pas le souhait des habitants ?

Ils ont eu la même réponse: nous sommes nés ici et ici est notre vie, notre communauté.

Aveuglement ou résignation? Nous ne savons pas et nous avons eu du mal à supporter ce que nous avons vu même s'il y a eu des moments de rire et de complicité. Par exemple, notre guide nous a amenés au pub local tenu par une dame qui brasse de la bière selon des recettes traditionnelles. Nous avons pu la goûter et échanger un petit moment avec les autres clients et quelque mots en anglais. Les messieurs se sont gentiment moqués de moi quand j'ai essayé de siroter ma bière à même un bidon de 3 litres ! La langue la plus parlée à Langa est le xhosa.

Nous voulions voir ce qu'était un township, non pas par voyeurisme, mais par curiosité d'apprendre et mieux comprendre. C'était une expérience enrichissante mais assez abrupte !

Demain nous prenons le train pour Simon's Town et ses pingouins et ce soir, c'est la fête chez Mama Africa où l'on mange des bébétes (pensez à Boubou très fort, elle va pouvoir enfin entamer un régime!)

Bises à toutes et à tous,

Lo et Franck

Habitat précaire et durable ! / Ruisseau SDB et toilettes !!! / Business District à Gugulethu /  Boubou au pub de LangaHabitat précaire et durable ! / Ruisseau SDB et toilettes !!! / Business District à Gugulethu /  Boubou au pub de Langa
Habitat précaire et durable ! / Ruisseau SDB et toilettes !!! / Business District à Gugulethu /  Boubou au pub de LangaHabitat précaire et durable ! / Ruisseau SDB et toilettes !!! / Business District à Gugulethu /  Boubou au pub de Langa

Habitat précaire et durable ! / Ruisseau SDB et toilettes !!! / Business District à Gugulethu / Boubou au pub de Langa

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
Coucou les voisins !<br /> C'est beau de vous vous voir même quand vous n'êtes pas là ! Emma a adoré l'article sur la réserve vous vous en doutez ! Et j'ai malheureusement trouvé la traduction de "township" en français, c'est "camp de Roms"... :-( Vous avez cette beauté et cette sagesse du voyage, ne pas se limiter au beau, mais voir le vrai ! On vous embrasse bien fort et profitez à fond !
Répondre
G
Tchintchin copine
Répondre